« -Et toi, mon petit, où est-ce que tu travailles ?
– Ça dépend des tournages, en studio ou en décor naturel.
– Mais si la camera va dans un train ou dans un hélicoptère, il faut que tu montes dedans ?
– Ben oui mamie, je la suis partout cette machine à enregistrer des images.
– Et si c’est sous l’eau, vous faites comment ? »
…
Des années que j’essaye d’expliquer à ma grand-mère quel est exactement mon métier. Le traditionnel déjeuner dominical en est même devenu un dialogue de sourds. Alors j’ai fini par lui dire que j’étais cameraman à TF1 et depuis les choses se sont simplifiées.
Mais, en fait, c’est vrai si la camera va sous l’eau, qu’est-ce que je fais ?
Si elle tombe par accident et sans protection étanche, je dénonce clairement les machinistes, avec toute la mauvaise foi qui me caractérise. Mais si c’est une journée de tournage où il est prévu des séquences avec un caisson sous-marin, alors c’est autre chose.
Je sors mon plus beau maillot de bain et j’arbore fièrement mon diplôme de nage 25m que j’ai eu en CE1 et mon brevet de plongeur que j’ai passé dans un cube de béton chloré prétentieusement nommé piscine municipale de Tours ( je suis un assistant multi-carte). Pourtant, même bardé de tout cet impressionnant cursus, je suis hors la loi. Et oui, ce n’est pas une ballade pour aller voir des mérous, c’est du travail ! Au même titre que mon permis voiture (peu importe le nombre de points restants) ne fait pas de moi un cascadeur automobile, mes certifications de plongée ne font pas de moi un travailleur hyperbare !
Laissons donc dans le sac de piscine, les cartes de plongée loisir (FFESSM, PADI, CMAS et autre) et armons-nous d’une vraie certification :
Le certificat d’aptitude à l’hyperbarie classe II B, délivré par l’INPP (qui est l’Institut National de la Plongée Professionnelle).
En bassin ou en mer, l’ensemble des techniciens qui vont à l’eau devrait posséder ce précieux sésame. La législation sépare donc clairement la plongée sportive (règlementée par le ministère de la jeunesse et des sports) de la plongée dans un cadre professionnelle (réglementé par le ministère du travail).
Le certificat d’aptitude à l’hyperbarie a une validité de dix ans et se décompose en quatre types d’activités (mentions) et trois profondeurs maximum (classes) :
Nature des activités hyperbares (mentions) :
• Mention A : Activités de scaphandrier
• Mention B : Autres activités subaquatiques (Celle de tournages sous marins par exemple)
• Mention C : Activités d’hyperbariste médical
• Mention D : Autres activités d’hyperbariste
Niveaux d’accès hyperbare (classes) :
• Classe I : < 40 mètres à l’air
• Classe II : < 60 mètres à l’air
• Classe III : > 60 mètres aux mélanges gazeux
Cette formation sous-marine est dispensée par l’INPP, ou par un organisme agréé et ouvert aux plongeurs sportifs de niveau 2.
Ces formations sont parmi les plus reconnues au monde, mais elles n’apprennent que les techniques pour évoluer sous l’eau et n’enseignent en rien le talent dans l’art de capturer des images sous-marines. Il est donc plus facile de former un cadreur et un assistant à la plongée, qu’un plongeur chevronné à la prise de vues, et encore moins ma mamie, qui a pourtant bien connue le commandant Cousteau !
Quelques références :
www.inpp.org (Institut national de plongée professionnelle)
www.comex.fr
www.ffessm.fr (Fédération française d’études et des sports sous-marins)
et quelques films de références :
Le Monde du Silence, de Louis Malle (1955)
Le Grand Bleu, de Luc Besson(1988)
Abyss, de James Cameron (1989)
Open Water, de Chris Kentis (2003)
La Vie Aquatique, de Wes Anderson (2003)
Océans, de Jacques Perrin et Jacques Cluzaud (2009)