« Ogłaszam otwarcie festiwalu EnergaCAMERIMAGE 2018! »
C’est bel et bien parti pour une nouvelle édition du festival le plus cool du monde sur la lumière au cinéma! Là où le public devient fou à chaque annonce de sponsor avant les films, là où l’on peut écouter Christopher Doyle expliquer ses mises en lumière de soft-porn japonais, là aussi où Matthew Libatique boit trop de vodka… Mais également plein de workshops extraordinaires, des rencontres magiques, des nouveautés plein les yeux, autant de choses que je vais essayer de vous résumer ici!
The Directographer
Cette année nous retrouvons Alfonso Cuarón en compétition comme chef opérateur pour la meilleure image avec « Roma », une histoire en noir et blanc très inspirée de sa jeunesse à Mexico City.
Mais où est donc passé son inséparable compagnon « Chivo »? (alias Emmanuel Lubezki) Il nous répond dans cette interview pour Variety:
Le métier de Directeur de la Photographie voué à disparaître? Le film est une « pièce de maître » sans aucun doute, mais le moins développé de sa filmographie concernant les émotions dans les regards, car le choix de mise en scène sous forme de tableaux garde une distance entre les personnages et nous. Pour mieux nous rapprocher vers la fin du film, mais les deux casquettes (réal/chef op) obligent bien à ralentir le temps (un de ses plus longs tournages), et réduisent les possibilités de style de film. Indice: son Gaffer était celui de Chivo habituellement…
Lors d’une table ronde, pour le sage Ed Lachman (Carol, Virgin Suicides, Ken Park…) la différence entre un réalisateur et un chef opérateur était que le premier avait une histoire à mettre en image, mais ne savait pas comment, alors que le deuxième savait le faire mais n’avait pas grand-chose à raconter…
Autre polémique? La sortie de cette production Netflix dans une centaine de salles au monde seulement pour pouvoir la porter candidate aux différents festivals de films (Oscars en tête):
Vous vouliez le voir en salle? Apprécier le son DolbyAtmos spécialement créé pour ce film? Dommage! Très peu de chance en France pour le moment… Frédéric vous l’explique très bien ici:
Plus c’est large, plus c’est…
Gros sujet 2018, les capteurs et objectifs plein format. Philippe Rousselot en Leitz Thalia, Arri Signature + Alexa 65 sur « Les Animaux Fantastiques 2 » explique que pour lui le grand capteur permet d’avoir essentiellement des plans larges avec moins de distorsion, spécialement dans les petits exigus. Alfonso Cuarón était lui aussi en Alexa 65 sur « Roma » pour la raison similaire, et ses longs et lents panoramiques latéraux lui donnent raison. À l’opposé, pendant la conférence de presse, David Ungaro expliquait le choix du matériel (Alexa Mini + Zeiss GO) pour sa compacité et la difficulté d’ajouter de l’éclairage de jeu (tournage dans des prisons en activité). Bilan? Rien de très nouveau et comme d’habitude; tant que chacun y trouve son compte…
Lumière sur (et avec) James Laxton
Le populaire workshop Arri de cette année (toujours dans le gymnase de l’Université d’économie de la ville transformée en studio de cinéma orné d’un écran géant) a accueilli James Laxton qui a dernièrement éclairé « Moonlight » et « Si Beale Street pouvait parler ». Salle comble, comme d’habitude. Comme fil conducteur, l’Alexa LF et les Prime Signature, les leds multicolores, mais toujours de bonnes vieilles guirlandes d’ampoules tungstènes en lumière de jeu dans le fond du plan, le secret ne change pas…
Change ton Neutre: c’est bientôt fini!
Vous en avez marre de devoir changer un neutre plus rapidement qu’un changement de pneumatiques en Formule 1? Courage, ça sent la fin… Entre les neutres rotatifs internes télécommandés (Alexa Mini), le neutre variable interne électronique (Sony FS5/FS7mkII), Panavision développe un filtre appelé LCND (Liquid Crystal) qui a la forme exacte d’un porte-filtre 6×6. Il fonctionnera grâce à une pile bouton et un petit pressoir, permet de passer à une densité supérieure à chaque pression, pour une amplitude totale de 6 diaphs. Modification négligeable du spectre lumineux dans la transmission: ça sent bon…
Teradek: pas que de la vidéo…
Petit test de la gamme Teradek RT, les produits contrôleurs et moteurs pour optiques: la réponse entre la commande 6 Axes MK3.1 très légère et les moteurs Brushless MK.3.1 (en attendant les MOTR.X et leurs premières livraisons cet hiver) est assez bluffante, de plus ils sont très silencieux. Teradek propose en outre une bonne solution pour les Caméras Red qui ne veulent pas (trop) se transformer en arbre de Noël grâce aux interfaces MDR.ACI et différentes configurations Latitude.
Le OVÇEPP* du Festival:
Dans la bataille des métadonnées optiques: « i/ Technology » semblerait prendre doucement le dessus sur « Arri LDS ». En effet la série Compact Prime 3XD de Zeiss est une des premières séries optiques vidéo/cinéma à intégrer en protocole « i/ Technology » ce qu’ils ont appelé les « ZEISS eXtended Data ». À Camerimage cette année, on pouvait voir la démonstration d’un logiciel permettant de corriger en temps réel (ou en post-production sur DaVinci Resolve par exemple) la plupart des aberrations optiques (vignettage, pompage, etc.) grâce aux lensdatas de distance, ouverture, distorsion optique et caractéristique du « shading » des CP3XD, comme on le trouve déjà sur la plupart des logiciels de retouche photo.
Une vidéo de 30 minutes pour aller plus loin:
Le tube du moment
Le retour de KinoFlo? Non, imaginez plutôt des sabres lasers (autonome en électricité donc) multicolores (pilotable via protocole DMX sans-fil). Vous pouvez aussi en faire des KinoFlo du coup (mais certainement pas pour moins cher).
Les (news) à Vantage du festival
Du côté de chez Vantage, la nouvelle série anamorphique 2x Hawk Class-X devient complète cette année avec en tout 8 valeurs de focales fixes et 2 zooms. La série anamorphique 1.3x Hawk65 s’étend maintenant également sur 11 focales fixes du 40mm au 280mm. Le plus intéressant était de découvrir la technologie à l’intérieur des MiniHawk Hybrid, ou comment avoir un look proche de l’anamorphique avec des objectifs sphériques (et leurs avantages en compacité, poids, close focus et ouverture). Assez « simplement », l’optique possède en fait 2 iris, l’une ronde pour l’ouverture générale, et l’autre en double-ogive pour pouvoir reproduire des bokeh remarquables similaires aux objectifs anamorphosés:
À venir? Le PSU 4e du nom déjà dans les bacs, et une nouvelle série sphérique large format sur leurs bancs d’essais…
Light Jockey!
Attention, le Gaffers Control de Spots Unlimited arrive! Le chef électro ne sera plus jaloux de votre WCU4 et de tous ces jolis boutons dessus, car il aura bientôt sa propre Game Boy…
Les Frenchies
Ils sont de plus en plus nombreux à répondre aux invitations du festival, et c’est une bonne nouvelle! Pour commencer, en compétition principale cette année: le réalisateur Jean-Stéphane Sauvaire et son chef opérateur David Ungaro pour « Une prière avant l’Aube », Benoît Delhomme pour son travail sur le film de Julian Schnabel à propos de Vincent Van Gogh, et enfin Bruno Delbonnel pour le premier film en numérique des Frères Cohen (pour ne pas se planter: avec une bonne vieille Alexa). Coté premier long éclairé, Matthieu Plainfossé pour « The Iron Orchard » de Ty Roberts (qui a également éclairé « Hard Rain » de Lykke Li en compétition du meilleur clip). Et côté première réalisation, Guillaume Schiffman éclaire « Gueule d’Ange » pour Vanessa Filho. L’AFC et son président Gilles Porte étaient bien représentés également, et ont organisé séminaires et conférences. Angénieux, K5600, les sociétés avaient leur stand, du côté des écoles aussi, nombreux étudiants sont venus découvrir ce grand rendez-vous lumière.
Et vous? Prêt pour une petite semaine de folie en Pologne l’année prochaine?