Le poil : poussière ou débris de pellicule résultant le plus souvent des frictions inhérentes à l’entrainement mécanique de la caméra.
D’autres facteurs secondaires peuvent aussi en être la cause : un mauvais stock de pellicule, l’humidité, la position de la caméra en plongée…
Lors de mon enquête sur la Confo Cadre parue dans la focale de Février, j’avais été amené à prendre contact avec la conformation du laboratoire Arane Gulliver. Le fil de mes questions m’avait alors conduit à poser la suivante : « Avez vous un message, ou quelque chose de particulier à dire aux assistants caméra concernant la confo cadre? »
La réponse fut immédiate et la même pour tous : « Ah !!! Oui !!!! Le Poil ! Il faut dire aux assistants d’arrêter de faire le poil. ». Un temps, je rigole et ne vois pas de quel problème il peut bien s’agir. Et puis , cela veut dire quoi « arrêter de faire le poil » ? Et encore, quel est le lien entre le poil et la confo cadre ?? Mais le sujet semble révéler des tensions palpables, ou quelque chose comme de la rancoeur. Au milieu de ces laborantins, j’étais d’un seul coup devenu le gibier à abattre.
Explication
Suivant les caméras, les configurations et les préférences de chaque assistant, on peut trouver 4 méthodes pour vérifier la fenêtre :
- En enlevant l’objectif.
- A travers la frontale de l’objectif. Possible avec des focales longues ou standards.
- En enlevant le magasin. Méthode utilisée avec les caméras à magasins enfichables.
- En enlevant le couloir, ou en désamorçant la pellicule dans l’entrainement.
Chacune de ces méthodes présente des avantages et des inconvénients que tous les assistants connaissent.
Cependant, en ce qui concerne les tournages en 35mm 4perfos et 3perfos, il faut savoir que les méthodes 3 et 4 ne sont pas sans conséquences sévères. Outre le risque de perdre ou de faire tomber le poil, le désamorçage de la boucle dans le mécanisme d’entrainement peut provoquer la désynchronisation d’impression sur le film.
En effet, si la boucle est retirée du couloir, pour une prise de vue en 4 perfos par exemple, l’impression peut être décalée de 1 perfos, de 2 ou de 3, voir plus une fois la boucle refaite. Si décalage de 4 perfos il y a, cela ne pose pas de problème, l’impression retombe sur ses pattes par rapport à l’impression précédente. A moins d’un heureux hasard ou de se mettre une marque, les griffes et contre-griffe(s) ont toujours peu de chance de se loger dans les bonnes perfos.
Les complications au laboratoire sont réelles et laborieuses. Ne pas recaler l’impression à chaque vérification de la fenêtre peut engendrer des sautes de perfos, et donc des pertes du cadre lors de la lecture des rushes au TC obligeant l’opérateur ou l’étalonneur à arrêter la machine pour opérer des recadrages.
Afin d’éviter cette perte de temps au TC, les conformations interviennent à même sur le négatif pour corriger ces sautes de perfos.
Malheureusement, ce type d’intervention multiplie les risques de détérioration du négatif. Pourquoi :
- Plus de manipulation du négatif amène plus de poussières et augmente le risque de rayures.
- Pour éviter les sautes de perfos, la conformation découpe dans le négatif original.
- Les collures réalisées, avec parfois plusieurs sur une même bobine, augmentent le risque de rupture du négatif dans les machines.
En tant qu’assistants nous sommes garants du bon fonctionnement de la caméra, et assurons la meilleure mécanique possible dédiée à l’impression du négatif. Dans cette optique, il est évident qu’il serait plus sage d’éviter ce genre de circonstances.
Les laboratoires préconisent par conséquent de privilégier la vérification par l’avant ou en enlevant l’objectif.
Cher aux yeux des gens de la conformation et des opérateurs TC, cette recommandation (ou nota bene) méritait d’être communiquée, et le poil d’être mis à nu.