Jeudi 19 décembre 2019, en partenariat avec SOUS-EXPOSITION et VANTAGE, l’AOA a organisé un workshop dédié à la prise de vue sous-marine à la piscine de Conflans-Sainte-Honorine.
Nous remercions infiniment l’équipe de SOUS-EXPOSITION, David Foquin, Grégori Gajero et Mathieu Lamand pour l’organisation, le temps et la pédagogie consacrés à ce projet.
Un grand merci également à Marina Jego, Fabienne Jego, Laureline Place ainsi que toute l’équipe de VANTAGE pour le prêt du matériel caméra.
Et enfin merci à EMIT pour le sauvetage de dernière minute.
La journée s’est déroulée en 2 parties :
• une présentation théorique de la prise de vue sous-marine, du splashbag et du caisson dans la matinée
• puis l’après-midi fut consacré à la pratique en piscine (travail du point et de la prise de vue)
Législation concernant les tournages sous-marins
Il faut savoir qu’une prise de vue sous-marine requiert un personnel formé et certifié à partir d’un mètre de profondeur.
En effet, la réglementation de la plongée loisir est différente de celle de la plongée professionnelle, cette dernière dépendant du ministère du Travail. Ainsi la réglementation du travail s’applique lors d’un tournage sous-marin, et impose certaines contraintes, des brevets et des responsabilités spécifiques.
Deux habilitations professionnelles sont possibles :
• Jusqu’à trente mètres de profondeur
• Jusqu’à cinquante mètres de profondeur
Le tournage doit être encadré par un responsable de la plongée diplômé (Chef d’Opérations Hyperbares), l’exécution de la prise de vue nécessitant un opérateur spécialisé et au moins un assistant spécialisé selon les configurations. À cela, il faut rajouter une assistance obligatoire aux comédiens.
La journée de travail en immersion est de six heures maximum pour un technicien.
Choix de configuration et préparation en tournage
Il est primordial de définir les besoins avec la production afin de pouvoir choisir les bons outils de prise de vue sous-marine, et par voie de conséquence la composition de l’équipe « sous-marine » adéquate.
Faut-il utiliser la caméra principale du film dans le caisson ou le splashbag ; ou bien au contraire, en louer une juste pour les besoins sous-marins?
Après discussion avec la production et la mise en scène, SOUS-EXPOSITION pourra avoir un avis consultatif sur la question et faire des propositions en fonction des demandes.
Mais assez souvent la question d’une caméra dédiée aux seules prises de vues sous-marines pourra être évoquée, voire recommandée si possible. Dans le cas où la production ferait ce choix, SOUS-EXPOSITION pourra se charger de faire des tests de caméra et de vérification de configuration au préalable.
Un autre avantage à ce choix de 2e corps est que, selon l’organisation d’une journée de tournage, il sera plus simple de tout préparer à l’avance pendant que l’équipe principale continue de tourner avec sa propre caméra.
Le jour du tournage et suivant la complexité du décor (mer, piscine…) et du plan, prévoir suffisamment de temps au plan de travail afin que l’équipe sous-marine ait le temps préparer la configuration sous-marine.
SOUS-EXPOSITION propose essentiellement deux configurations de tournage :
• Le splashbag pour les prises de vues en surface à fleur d’eau. Un opérateur spécialisé n’est pas obligatoire, mais peut quand même s’en charger.
• Le caisson pour les prises de vue sous-marine. Un opérateur spécialisé est obligatoire.
Assurance et caméra
Il convient d’informer les productions que la plupart des loueurs n’assurent pas leur matériel en milieu humide. Si la caméra est noyée ou endommagée par de l’eau, l’assurance du loueur n’entre en général jamais en jeu (mais cela reste à vérifier au cas par cas).
Le Splashbag
Slpashbag MINI
Dimensions : 50x30x25 (cm)
Poids : 3,5kg
Léger et compact, parfait pour l’épaule.
Splashbag STANDARD
Dimensions : 70x40x35 (cm)
Poids : 7Kg
Grande compatibilité de caméras.
SOUS-EXPOSITION propose deux splashbags de marque Scubacam : un petit plus maniable (MINI) et un grand plus pratique à configurer (STANDARD).
Suivant le modèle choisi, ils accueillent entre autre les caméras Arri Alexa SXT/LF, Alexa Mini et Mini LF, Red Helium/Monstro/VV, Sony F55, Venice, Phantom 4K et diverses caméras film ainsi que la plupart des optiques sphériques ou anamorphiques, fixes ou zooms compacts.
Comme dit précédemment, l’usage du splashbag est limité au tournage en surface et l’idéal pour plus de maniabilité est de tourner dans une zone où le cadreur a pied.
Le splashbag peut être câblé ou utilisé en HF puisqu’il reste en surface (NB : la transmission des ondes ne passe pas sous l’eau). Pour le contrôle du point, on peut utiliser Cmotion, WCU-4 ou Preston MDR 2/3. Possibilité également de branchement en câble Ethernet pour le plus petit afin de contrôler via une interface informatique les menus de la caméra. Un écran accroché à l’extérieur du splashbag permet de cadrer confortablement.
Splashbag et hublot plan : comment faire le point ?
Le splashbag est muni d’un hublot plan.
Une fois ce dernier immergé, l’image filmée subit une modification due à la réfraction.
En effet, chaque fois que la lumière change de milieu, elle subit une déviation de sa direction originale : c’est la réfraction. L’exemple le plus connu est le bâton plongé dans l’eau. Il apparait cassé et grossit. Ce phénomène provient des différences d’indices de réfraction (n) de chaque milieu :
n (air) = 1 et n (eau) = 1,33
En prise de vue sous-marine, on est constamment sous l’influence de la réfraction.
Si le hublot est en surface, le trajet de la lumière entre le sujet et la caméra se fait dans l’air comme d’habitude. Donc rien ne change.
Mais si le hublot filme sous l’eau, le trajet de la lumière entre la sujet et le hublot se fait dans l’eau tandis que le trajet de la lumière entre le hublot et la caméra se fait dans l’air. Cela va avoir deux conséquences sur l’image filmée :
• Le sujet va nous paraitre visuellement plus gros (comme un effet de loupe)
• La distance de mise au point à afficher sera plus courte que la distance réelle.
En effet, compte tenu de l’indice de réfraction, les objets sous l’eau semblent plus gros d’un tiers. Pour calculer la taille apparente du sujet, on appliquera la relation suivante :
Taille (app) = Taille (réelle) x n (eau)
Ex : Un objet qui fait 30 cm de haut apparaitra comme faisant 40 cm (30 x 1,33) soit 1/3 plus grand.
Compte tenu du même indice de réfraction, les objets sous l’eau semblent plus proches d’un quart. Pour calculer la distance apparente du sujet, on appliquera la relation suivante :
Dist (app) = Dist (réelle) / n (eau)
Ex : Pour un objet situé réellement à 4 ft, il faudra afficher 3 ft sur la bague (4/1,33) soit 1/4 plus proche.
Conséquences : il faudra constamment compenser suivant que la caméra est sous l’eau ou pas, ou bien regraduer la bague en compensant de 1/4 les distances si la caméra est majoritairement dans l’eau. Cependant, selon le diaphragme de tournage, ces problèmes peuvent être très amoindris.
Le Caisson
Le caisson peut accueillir des caméras Arri (Alexa LF, Alexa SXT, Alexa Mini et Mini LF), Red (Helium, Monstro, Vistavision), Vision Research (Phantom 2K & 4K), Sony (F55, Venice).
Dim : 60x40x40 (cm)
Poids : 17 Kg (sans la caméra)
Dôme 9 pouces et hublot plan
Liaison filaire avec surface jusqu’à 50 mètres
Éprouvé à une profondeur de 200m, et de flottabilité neutre, il offre toute la polyvalence permettant de travailler avec la plupart des optiques sphériques ou anamorphiques, fixes ou zooms compacts. Il peut également être combiné à des outils de machinerie classique (travelling, grue, tête étanche Hydrohead).
Le caisson est métallique, rigide, plus volumineux que le splashbag. Il comprend 3 parties (chacune étant munie de joints d’étanchéité et se fermant hermétiquement) :
• un corps se séparant en deux moitiés permettant de loger la caméra, ses accessoires et ses branchements
• un dôme ou un hublot plan selon les usages.
Selon les configurations, studio ou milieu naturel, la caméra peut être reliée et contrôlée depuis la surface par un câble de 50m (vidéo, alimentation, ethernet, Foolcontrol, commande de point, diaph et zoom) ou gérée de façon autonome entre les mains de l’opérateur. Le caisson nécessite un opérateur spécialisé et certifié pour la plongée sous-marine.
Caisson et hublot plan : comment faire le point ?
Si l’on équipe le caisson avec un hublot plan, la gestion de la mise au point est la même que celle expliquée plus haut avec le splashbag.
Caisson et dôme : comment faire le point ?
Si l’on équipe le caisson avec un dôme, la gestion du point est complètement différente.
De par sa forme arrondie, l’avantage du dôme est que tous les rayons lumineux parviennent à la caméra de manière perpendiculaire ce qui évite les problèmes de réfraction (donc de grossissement) suivant que le caisson est en train de filmer hors ou dans l’eau. Il évite aussi les aberrations optiques avec les courtes focales que l’on peut rencontrer parfois avec un splashbag (dû au problème d’angle limite entre autre).
On peut donc facilement faire des plans mi-air/mi-eau avec de très belles lignes d’eau séparant l’image en deux et utiliser des courtes focales sans problème.
Mais cela nécessite un placement rigoureux de l’optique par rapport au dôme. Il faut donc connaître le point nodal de l’optique utilisée. La caméra devra alors être placée dans le caisson à une distance précise du dôme par rapport à ce point nodal (au risque de faire apparaitre des aberrations optiques dans l’image si le placement est incorrect).
Une des conséquences optiques dues à la taille et la forme du dôme est qu’une fois le caisson immergé, l’infini de l’optique va se trouver modifié (et par conséquent toute la course de point).
Avec un dôme, on ne fait plus le point sur l’objet mais sur une image « virtuelle » de cet objet. Si l’objet est situé à l’infini, son image « virtuelle » va se trouver à 4xR à partir du centre du dome (R étant le rayon du dome). Si on connait la distance entre le plan film et le centre du dome (ou le point nodal si l’optique est convenablement placée dans le caisson), on peut en déduire la capacité d’une optique à faire ou non le point sur cette image « virtuelle ».
En prise de vue sous-marine avec un dôme, il faut donc faire très attention au minimum de point d’une optique afin d’être en mesure de pouvoir avoir le point où on le désire ! C’est pour cela qu’il est souhaitable de prévoir un jeu de bonnettes si on a un doute.
En pratique, cela signifie donc que la bague de point doit être regraduée pour une utilisation sans bonnette, avec bonnette +1/2, +1, etc… Et ces gravures de bague doivent se faire impérativement avec la caméra sous l’eau, à l’oeil en utilisant un décamètre et une mire aquatiques.
Alors, avec un caisson, faut-il mieux un hublot plan ou un dôme ?
Si le plan nécessite d’être à la fois hors de l’eau et sous l’eau, le hublot plan est l’option la plus facile pour avoir un point assez similaire dans le milieu air puis/et dans le milieu eau (surtout s’il y a de la profondeur de champ). Il y aura moins de flares et sera moins sensible aux résidus d’eau sur sa vitre. Par contre, il n’est pas très adapté aux plans en focale large, car il risque de ramener des aberrations optiques sur le bord de l’image (problème d’angle limite) et du vignettage.
Si le plan nécessite d’être uniquement sous l’eau, il vaut mieux privilégier le dôme pour une meilleure qualité optique de l’image.