En décembre 2017, le laboratoire Eclair a invité l’AOA pour lui faire découvrir son site de Vanves. L’objectif de cette visite : suivre le parcours des rushes depuis le plateau jusqu’à l’étalonnage définitif, et en apprendre un peu plus sur le rôle que nous, assistants opérateurs, jouons dans cette chaîne que nous connaissons parfois assez peu.
Au cours de cet après-midi, nous avons été accueilli par Thierry Beaumel (directeur de fabrication post-production image), Jérémie Oukrat (responsable des rushes), Emmanuel le Ridant (étalonneur de rushes) et Karim El Katari (étalonneur).
Réception des rushes
La livraison des rushes peut avoir lieu à n’importe quelle heure. Pendant les heures d’ouverture d’ECLAIR, un accueil dédié prend en charge les disques durs ou les cartes. Après la fermeture, il est possible de déposer les rushes dans des coffres-forts dédiés aux productions accessibles 24h/24.
Sécurisation et déchargement des rushes
A la question du déchargement des rushes, Eclair nous a expliqué qu’ils recevaient majoritairement des disques durs avec les rushes déjà copiés dessus. Plus rarement les cartes « physiques » du tournage sans copie plateau. Selon eux, il serait dommage de se passer d’une copie sur le tournage car, avec les cartes, on n’est jamais à l’abri d’un accident de la route par exemple. Au moins, en cas de sinistre, une copie existe au camion caméra. Il y a aussi une autre conséquence au déchargement des cartes directement chez ECLAIR : il faut dans ce cas mettre un opérateur dédié sur ces copies toutes les 10 minutes. Or, il n’y a qu’un seul opérateur de nuit chez Eclair. Et comme ils n’ont pas plusieurs lecteurs, cela prend un certain temps en plus des autres productions à traiter en parallèle. Si tout le monde envoyait ses cartes, ce ne serait plus possible de traiter les rushes en temps et en heure le lendemain pour le montage. A terme, si il y a de plus en plus de demandes de ce type, il se peut que cela ait des répercussions financières sur le devis. Car le temps gagné sur le plateau se répercute sur le temps perdu en post-production.
A la question du nombre de copies de sauvegarde faites par ECLAIR lors de la réception des rushes, tout dépend de ce qu’ils reçoivent :
« Dans le cas où l’on nous envoie directement les cartes, nous faisons 2 backups sur nos serveurs. Parce qu’il n’y en a pas sur le plateau et que nous devons toujours avoir deux copies minimum. Si l’un de nos serveurs tombe en panne, les rushes sont préservés.
Dans le cas où une copie est faite sur le plateau, nous n’en faisons alors qu’une sur notre serveur de travail. Et chaque soir, dans tous les cas de figure et une fois les vérifications faites, les rushes sont copiés sur LTO. Il faut savoir qu’un long métrage représente environ 30 à 50 To. Nous n’avons pas assez d’espace disque pour conserver les rushes tout au long de la post- production, qui peut parfois durer 6 à 9 mois, et accueillir les tournages en cours. Nous gardons donc les rushes sur nos serveurs pour toute la durée du tournage, plus trois semaines environ. Nous libérons la place ensuite pour les projets plus récents, et nous conservons les LTO qui serviront à la conformation finale. »
A la question de la nomenclature des noms de dossiers dans les disques navettes, ECLAIR nous dit :
« Dans la nomenclature du disque, préciser le numéro de jour de tournage en plus de la date (ex : TITRE_20180123_JOUR01). Éviter les accents, les espaces, les caractères spéciaux, les slashs. Et préférer l’underscore « _ » au tiret « – ». Enfin, préférer les majuscules aux minuscules.
Création des dailies en salle d’étalonnage des rushes
Nous proposons deux options pour traiter les rushes qui partent ensuite au montage : traitement de masse ou étalonnage plan par plan.
Dans le cas du traitement de masse, l’opérateur de nuit, une fois l’acquisition des rushes terminée, va transcoder les rushes à destination du montage en appliquant la LUT indiquée sur le rapport image ou parfois sur le clap (ex : REC709, une LUT jour, une LUT nuit…). C’est un traitement global des rushes.
Dans le cas d’un étalonnage plan par plan fait par un étalonneur de rushes, l’intérêt de cette méthode est d’utiliser comme base les essais qui sont faits avant le tournage. A condition que ces essais reflètent véritablement les intentions du tournage. Pas simplement une mire de couleur sur les bancs d’essais d’un loueur, mais plutôt des comédiens maquillés, en costumes avec un bout de décor, le tout éclairé. Ces essais sont étalonnés avec le chef opérateur, soumis au metteur en scène et aboutissent à la création d’un Look qui servira à l’étalonnage des rushes journaliers et comme base à l’étalonnage définitif. L’autre avantage de cette méthode, c’est que l’étalonneur final du film pourra se référer à cette première phase de pré-étalonnage comme base de travail.
Étalonnage final du projet
Pour finir cette visite, nous sommes allés dans une des salles d’étalonnage ECLAIR COLOR pour comparer la continuité du travail entre l’étalonneur des rushes et l’étalonneur final d’un film à travers quelques exemples de longs-métrages post-produits chez ECLAIR. Il a aussi été évoqué la question de l’espace colorimétrique ACES ainsi que la technique de traitement des images en ECLAIR COLOR.